Toc Toc !

*Qui ça peut bien être ?*

"J'arrive !"

Comme d'habitude, James Potter ne se méfia pas. Cette maison était protégée par d'innombrables sorts, et seuls ses amis ou les amis de ses parents pouvaient être autorisés à voir la maison et s'y approcher suffisamment pour oser frapper sur la porte sans qu'elle vous tombe dessus et vous agresse à la façon d'un saule cogneur. L'adolescent s'était parfois demandé si la porte en bois de la maison n'était pas une branche cousine du célèbre saule..?
*En tout cas, le sort jeté sur la porte doit être sensiblement le même.*

Le gryffondor réprima un rire quand il se souvint de ce qui s'était passé quand un certain Mondingus Fletcher s'était présenté pour une quelconque escroquerie. La porte n'avait détecté aucune agressivité donc l'avait laissé approcher... mais comme ses intentions étaient mauvaises lorsqu'il parla à son incrédule de père, la porte réagit et sortit de ses gonds-dans tout les sens du terme- pour poursuivre le pauvre revendeur à la sauvette et le frapper sur la tête jusqu'à ce qu'il puisse transplaner.

*Pourvu que ce soit un autre démarcheur, qu'il puisse "prendre la porte" à son tour !*

Les parents du bouillant rouge-et-or étaient absents. Non sans réserve, ils durent partir à leur réunion de vieux -pardon, de seniors - en laissant James seul. Par les temps qui couraient, il n'était guère prudent de laisser un sorcier de premier cycle seul, mais plus dangereux encore de se balader seul pour une réunion quand on était âgé. Quant à emmener James à la réunion de senior, le garçon s'y opposa violemment, menaçant de s'enfuir en balai ou de mettre le pire désordre possible (et sans baguette, s'll vous plaît !). Sachant que leur bichon en était fort capable, ses parents n'insistèrent pas.

Bref, James était seul, s'ennuyant un peu après avoir écrit à Remus et à Lily (pour cette dernière, une énième lettre d'amour qu'il n'avait pas osé poster). Il accueillit donc avec bienveillance et une pointe de sadisme le frappement sur la porte. Mais il ne s'attendait pas du tout à ce qu'il vit, une fois la porte ouverte...

C'était Sirius, il le reconnaîtrait même avec de la dragoncelle... Mais la situation semblait grave ! Très sale, mal rasé, fatigué, on aurait dit un mendiant plus âgé que ses 16 ans. Quant à ses cheveux... Hirsutes, avec de l'herbe, il fit penser un fugitif instant à Severus.

La première seconde passée, où l'adolescent ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes, il ne put s'empêcher de plaisanter. après tout, c'était Sirius.

"Le look de Servilus te plaît tant que ça que tu t'es enfin décidé à l'imiter ? Justement, j'avais commencé à salir mes vêtements pour faire ton sur ton. Tu m'aideras à me faire un shampooing aux ...herbes ?"
Puis, il prit Sirius dans ses bras. Sale ? Dégoûtant ? Qu'importe, c'était son frère !

"Allez, viens, je crois, que tu as beaucoup de choses à me dire... mais d'abord, une bonne douche à prendre! "

Il n'était jamais venu ici. En même temps, les seules autres demeures que la sienne où il avait pu aller se résumaient à celles des amis de ses parents. Toutes les même...le même style ancien, les bibelots datant d'avant la naissance de ses grands-parents, partout le même étalage de richesse, d'aristocratie hypocrite. Il imaginait bien mal ce genre de choses chez son meilleur ami, là où il avait de nombreuses fois rêvé de passer ses vacances, la maison où James avait grandi et qu'il avait souvent imaginée de bien différentes façons. Il entendît James au travers de la porte, puis le vît enfin face à lui. Il lui avait manqué pendant ce mois entier enfermé dans sa chambre à ne rien faire de ses journées. Le jeune homme sembla assez abasourdi aux premiers abords, avant de retrouver le sourire que Sirius lui connaissait si bien. Pas très attirant hein? C'était une vision de lui à ne montrer à aucune membre de la gente féminine de Poudlard, ou sa réputation était fichue. D'un sourire de soulagement, Sirius passa à un sourire d'amusement devant la comparaison de James. Servilus, oui exactement, mais même s'il ne se douchait pas pendant des semaines, il n'aurait jamais les cheveux aussi gras que le Serpentard. Eh oui, dur dur d'égaler Servilus...ce n'était pas à la portée du premier venu!

"Avec plaisir! D'ailleurs si je le déteste autant c'est parce qu'au fond je suis jaloux, pas toi?" il accueillit avec plaisir son frère de cœur dans ses bras, lui donnant une petite tape dans le dos. Beuh, il allait le salir avec sa crasse...eh bien tant pis pour lui! C'était James qui avait prit l'initiative de le l'enlacer, c'était à ses risques et périls!

Oh oui, une douche! C'était bien un des seuls trucs qui le dérangeait dans sa vie de chien errant...c'était facile de se salir mais plus difficile de se laver! Il n'avait pas plu une seule fois...mais qu'espérait-il à la première semaine d'août? Il y avait eu une fontaine une fois...mais un idiot l'avait traité de "sale cabot" en le chassant. James l'invita à entrer et Sirius quitta donc le perron pour découvrir l'intérieur de la maison de James. Il essuya ses pieds sur le tapis, s'en voulant un peu d'entrer dans toute sa Servilus attitude dans une maison bien propre, et surtout, celle de James et de ses parents. Tiens d'ailleurs...

"Maman-papa Potter ne sont pas là? Ils t'ont laissé seul pour garder la maison...? Les inconscients! Je ne prendrais pas ce risque moi." fit-il sur un ton blagueur, sous-entendant que James n'était pas assez mature pour rester tout seul chez lui, il pourrait faire des bêtises le garnement!

Des tas de questions se bousculaient dans la tête de James.

*Comment se fait-il qu'il soit ici ? Ses parents l'interdisent de sortir... Il nous l'a assez répété que la maison de ses parents était une prison et que son vrai "chez soi" était Poudlard...*

*Pourquoi n'a t-il pas pris le train, la poudre de cheminette ou un portoloin, ou un transplanage d'escorte ? Ce ne sont pas les moyens de transport qui manque...*

*Il a vraiment parcouru toute cette distance en chien ??*

*Que vont penser ses parents ? Que vont penser les miens ?!*

A ce propos, son meilleur ami s'étonna de l'absence de ses parents, et... que sous-entendait-il ?

"En fait, mes parents ont en assez de cette maison, et plutôt que de demander à des démolisseurs, ils ont eu l'idée de me laisser seul dedans. Je crois qu'ils sont assurés que lorsqu'ils reviendront, il ne restera plus une pierre debout. J'ai entamé le mur nord, et j'allais commencer de démolir la cuisine quand tu as sonné. Tu as de la chance que je n'ai pas commencé par la salle de bains ! C'est par là."

L'adolescent montra le chemin de la salle de bains, au premier étage de la maison, pas loin des chambres. Il ouvrit la marche et lui ouvrit la salle.

"Attends, je vais te prêter une serviette, tu sais qu'on n'a pas le droit de se sécher magiquement. Et je n'ai pas envie que tu t'ébroues en éclaboussant tout, espèce de clébard malodorant !"

Là-dessus, il éclata de rire et entra dans sa chambre, il en ressortit avec une serviette et lui tendit.

"Tiens, je te laisse à tes ablutions, et surtout ne me salis pas trop cette serviette, j'y tiens, elle a servi à sécher beaucoup de corps féminins. Je n'oublierai jamais Mc Gonnagal rentrer dans ma chambre en m'appelant son bichon, avec cette serviette comme seul vêtement, brrr !"
Le laissant avec cette vision d'horreur, James redescendit au salon et attendit son ami. Comme d'habitude, son esprit tournait très vite.

*Si il n'a utilisé aucun moyen de transport, c'est qu'il n'a pas pu. Autrement dit, soit ses parents sont des radins patentés, soit il a fugué. Vu son allure, il n'est pas venu pour une visite de politesse. S'il a vraiment fugué, c'est grave. Même si mes parents comprennent le pourquoi du comment, ce ne sera pas le cas du Ministère, si les parents de Sirius veulent le récupérer.

Seulement, personne ne l'a vu entrer, ni même se diriger par ici. Personne ne peut savoir qu'il est un animagus. Il sufit de le garder au secret un petit mois, puis ce sera Poudlard, et ses 17 ans arriveront ! Majeur, il pourra faire ce qu'il veut.*

James était impatient de voir son ami arriver pour connaître le fin mot de l'histoire. La perspective de vivre un mois en tout illégalité avec son meilleur ami, voire de l'accueillir (enfin) pendant les vacances excita énormément James: une loi enfreinte de nouveau, une !

Laisser James tout seul chez eux, ses parents ne devaient pas tellement tenir à la propreté, au rangement, et surtout à l'intégrité de leur maison. Sirius observait avec des yeux d'enfant ce qu'il pouvait voir de la maison de son meilleur ami, s'imaginant sans peine ce qu'un mini-James avait pu faire comme pagaille pour faire tourner en bourrique ses parents qui devaient regretter d'avoir eu un enfant. Oh non ça n'avait pas du être simple pour eux! Il les plaignait sincèrement! D'ailleurs, James expliqua à sa façon l'absence des Potter séniors, Sirius hochant la tête avec sérieux comme si l'explication était tout à fait acceptable.

"Je suis même étonné qu'elle ait résisté jusque là. J'arrive à temps si je comprends bien! Par contre, commencer par la cuisine est un mauvais calcul, et si tu as une petite faim entre temps? Le bâtiment ça creuse."

Il suivit sans attendre son ami dans les escaliers menant au 1er étage, s'arrêtant à l'entrée de la salle de bain. Tellement habitué qu'il était du Square Grimmaurd, il était presque étonné de ne voir accourir aucun elfe de maison ou de ne voir aucun genre de décorations sinistres et morbides qui feraient ressembler un cimetière à un charmant jardinet d'accompagnement. Il prît la serviette ainsi que les vêtements de rechange que lui prêtait James, ayant envie de répliquer que s'ils avaient droit à la magie, il n'aurait pas fait que se sécher magiquement, il ne serait pas embêté à s'enfuir de chez lui en risquant de se rompre le cou, entre autres.

"J'vais m'gêner." répondit-il avec un air de défi à la fausse menace de James. De toute façon, c'était lui qui prendrait, pas Sirius!

Mais à la remarque sur Mc Gonnagal, Sirius ne put s'empêcher d'imaginer leur directrice de maison simplement vêtue de cette serviette avec un air aguicheur au pas de la porte de la chambre de James. Que James lui enlève tout de suite cette image de la tête!

"Je comprends mieux pourquoi elle s'est montrée si clémente avec toi cette année..." commenta-t-il avec un large sourire avant que son ami ne disparaisse.

Sirius referma la porte et se retourna vers la luxueuse salle de bain qui s'offrait à lui. Elle était si éclairée! Tout lui semblait si merveilleux ici. Il enleva ses chaussures ainsi que ses chaussettes, et se redressant il se vît dans le miroir. Sa surprise arrêta son mouvement et il s'approcha pour mieux se regarder dans la glace. Il avait véritablement une mine affreuse et la peau foncée par la terre. Il avait toujours cette petite cicatrice à l'arcade, trace laissée par le pied de sa mère lorsqu'elle l'avait assommé. Il n'y avait en revanche presque plus les traces du sort de sa mère, les petites aiguilles qui le piquaient de partout lorsqu'il tentait un mouvement. Fichue loi sur les sorciers de premier cycle...au moins aurait-il pu se défendre? Quoique...avoir même l'idée de pouvoir se protéger contre les sorts de sa mère était stupide. Physiquement, il n'avait jamais eu les cheveux aussi sales, les lèvres aussi sèches, les traits si tirés. En effet, il avait bien souvent préféré avancer que se reposer, et même s'il pouvait dormir partout, le sol n'était pas des plus confortables. Il faisait peur...

Il détourna alors le regard, continuant de se déshabiller et laissant ses vêtements au sol. Il ne savait pas s'ils étaient récupérables...il entra dans la douche et se lava, rendant l'eau d'une couleur boue, quelques brins d'herbes tombant également dans l'évacuation. Il ne pensait à rien d'autre qu'à enlever sa crasse, jusqu'à ce que l'eau reste incolore en passant sur lui. Lorsqu'il eût fini, il s'essuya énergiquement avec la serviette de James, s'habillant avec ses vêtements. James était un peu plus petit que lui, mais ça irait. Il n'allait certainement pas jouer les difficiles à un moment comme celui-là! Il coiffa ses cheveux corbeaux lui arrivant presque aux épaules, puis satisfait du résultat, se décida à descendre rejoindre James. Il allait sûrement lui demander ce qu'il s'était passé... Prenant une grande inspiration, il sortît et descendît les escaliers, voyant immédiatement James dans un canapé du salon.

"J'espère que je ne t'ai pas trop fait attendre chéri." fit-il avec un air séducteur en s'asseyant aux côtés de James. Ne lui avait-il pas dit que beaucoup de filles étaient passées par cette serviette?

"J'espère que je ne t'ai pas trop fait attendre chéri."

James éclata de rire.

"Enfin, Sisi, pas le premier soir !"

L'adolescent rit de bon coeur devant ce sous-entendu. Il savait que certaines folles midinettes s'imaginaient que les quatre garçons avaient peut-être d'autres relations que de l'amitié et au début il s'était même scandalisé d'entendre des partisanes de James/Sirius, Sirius/Remus, ou pourquoi pas Peter/James ! Cette méconnaissance totale des hommes et de l'homosexualité était à rire ou à en pleurer. Cette année, il avait pris le parti d'en rire. Mais au début, les quatre amis, James en tête, n'en revenait pas d'entendre de telles folies alors que leur hétérosexualité a été plus que prouvée... Il avait souvent envie de dire aux filles qui s'imaginaient-voire qui écrivaient ces bêtises : "Et vous ? Vous vous sentez de virer lesbienne d'un coup, comme ça, pour voir ? Parce que mes amis et moi, on aimerait bien voir ça..."

"Et puis, tu sais qu'on ne vire pas sa cutie d'un coup comme ça, et rien à faire, je continue à trouver les filles désirables, et toi aussi attirant qu'un vieux gobelin desseché."
Ce point vu, il remarqua l'arcade sourcilière de son ami abîmée. La douche l'avait décrassé mais il semblait abîmé et horriblement fatigué.
*J'ai bien fait de préparer du thé et d'amener des gâteaux. Comme quoi, moi qui critiquait le côté "vieillard" de mes parents, je me rends compte que ça a du bon, parfois.*

Il servit l'eau chaude dans une tasse et le proposa à Sirius.

"Tu devrais en prendre, pour te remettre un peu de tes émotions. Tu te rends bien compte que j'ai plein de questions qui tambourinent dans ma tête mais si tu préfères te reposer d'abord, j'ai un lit qui n'attend que toi pour pouvoir être défait! J'ai eu le temps de changer les draps pendant ta douche."

Il regarda attentivement son ami. Que préférait-il ?

"Mes parents reviendront et ils me poseront quelques questions pour la forme, mais ne t'inquiète pas, j'ai déjà ramené plusieurs amis chez moi, et bien plus de petites amies. Ils ne poseront aucun problème. Petit détail avant que tu ne tires ta baguette contre eux: ils sont gentils. Tu es le seul de ma connaissance à avoir des géniteurs... spéciaux !"

Un moyen -subtil ? - qu'il se doutait que si son meilleur ami était là, c'était probablement dû à la famille Black.

Sirius connaissait James mieux que quiconque, il devait se douter que le gryffondor bouillait de savoir pourquoi il était là, dans le salon, à côté d'une tasse de thé et de gâteaux. Il devait encore plus apprécier le tact du garçon à ne pas l'assaillir de questions.

James éclata de rire à la réplique de Sirius qui jouait les séductrices. Et pourtant, beuh! Merlin l'en garde de draguer son meilleur ami! Quelle horreur...cette simple idée le révulsait autant que de draguer sérieusement McGonnagal. D'ailleurs, James compara sur ce plan Sirius à un vieux gobelin. *Merci! Ca fait toujours plaisir!*

"Vieux gobelin toi-même!" répliqua Sirius avec un petit rire semblable à un aboiement de chien. Il avait toujours un peu eu cette caractéristique, mais depuis qu'il était officiellement (façon de parler) un animagus chien, il lui semblait que cette ressemblance ressortait encore plus.

Le jeune homme observa son ami servir le thé, remarquant immédiatement les petits gâteaux à côté, son regard dérivant automatiquement dessus comme un chien affamé lorgnant sur le repas de son maître. Il releva cependant la tête lorsque James lui tendît la tasse, la prenant avec un sourire reconnaissant. Du thé! Servit avec des petits gâteaux, chez James. La situation entière lui apparaissait comme féérique, surnaturelle. Effectivement, son hôte devait se poser pas mal de questions sur la visite surprise de son meilleur ami, surtout à une période où il savait pertinemment depuis des années que Sirius était coincé chez lui à ne même pas pouvoir donner de nouvelles.

Cependant, James ne lui avait pas sauté dessus en l'assaillant de questions comme il aurait pu le faire. Ca aurait été dans son droit pourtant, et ses parents, lorsqu'ils rentreraient, voudraient sûrement également avoir des explications sur la venue de Sirius chez eux sans demande préalable. A la place, James lui proposait de se reposer en premier lieu avant de s'expliquer s'il le souhaitait. Certes Sirius était un peu fatigué, mais ce serait injuste de profiter ainsi de l'hospitalité de son meilleur ami sans rien lui dire, préférant son propre confort à la curiosité et l'inquiétude de son ami qu'il devinait sans problème. L'évadé fut tout de même surpris que James lui affirme que ses parents de diraient rien. Il eut un sourire amer à sa remarque sur ses propres parents, si on pouvait les appeler comme ça.

"Je sais, c'est moi qui ai pioché le mauvais numéro..." fit-il dans un soupir en buvant une gorgée de thé bien fumant. Heureusement encore que les autres parents n'étaient pas comme les siens!

"Et puisqu'on y est...autant que je te raconte tout de suite pourquoi je suis là alors que je devrais encore croupir dans ma cellule, enfin...dans ma chambre du Square Grimmaurd." il avait toujours parlé de la maison de ses parents sous son nom, jamais en disant "chez moi", car il avait découvert dès sa 1ère année que son vrai chez lui était Poudlard, et non là où il avait passé son enfance.

Il avait plusieurs façons de raconter ce qui s'était passé, mais, fidèle à lui-même, il choisit de s'expliquer avec humour, décidant délibérément d'en parler de la même manière que s'il parlait du temps ou d'un rencard, comme il l'avait toujours fait pour ne pas inquiéter ses amis. C'était son moyen de dire les choses sérieuses sans démoraliser, en relativisant, se disant qu'il y avait toujours pire. Il ne voulait pas non plus montrer à quel point la haine de ses parents envers lui le touchait et en l'occurrence, que ses parents aillent jusqu'à vouloir le briser de l'intérieur ou bien le tuer plutôt qu'il ne soit comme il était. Il n'était rien pour eux à part une tâche sur leurs beaux vêtements, un parasite à exterminer. Il reposa sa tasse sur la table basse, puis se replaça confortablement dans le canapé, croisant ses bras derrière sa tête.

"Je t'avais déjà parlé de mes parents, tu as pu voir depuis que tu me connais les nombreuses lettres peu flatteuses que ma tendre mère m'envoyait à Poudlard, tu sais le genre de personnes ils sont, il n'y a qu'à voir Regulus. Tu sais aussi comme je suis la honte de la famille, et le fait qu'ils veuillent me ramener dans ce qu'ils appellent le "droit chemin". Eh bien...il y a environ trois jours, ils m'ont annoncé comment ils feraient enfin de moi un bon fils...en me faisant toutou de l'autre détraqué qui veut exterminer tous les "impurs" de cette planète. Il devait arriver à Square Grimmaurd même deux jours plus tard afin de faire de moi son serviteur, et alors soit j'exécuterais, c'est le cas de le dire, le moindre de ses ordres, soit il me tuerait pour désobéissance." la dernière partie avait été dite avec légèreté, comme si ce n'était pas bien grave.

Il eut un autre sourire sans joie, tournant partiellement le visage vers son ami.
"Charmant n'est-ce pas?" détournant de nouveau son visage de son interlocuteur, il continua son récit. "Cependant, étrangement, malgré le caractère tout à fait raisonnable et alléchant de cette proposition, j'ai protesté, et ma mère m'a montré son...agacement à sa manière. Quand je me suis réveillé dans ma chambre bien entendu verrouillée de toute part, je ne voyais qu'une solution: m'enfuir. Et là c'est le moment où je bénirai à jamais cette Serdaigle qui m'a donné ce "scotch" moldu, et non je ne parle pas de l'alcool écossais. Cela m'a permis de briser la fenêtre sans faire trop de bruit et sans m'enfoncer de bouts de verre dans le bras (ce qui aurait été gênant), et de jouer l'araignée en descendant le mur jusqu'en bas."

Là encore, Sirius contait ce qui lui était arrivé comme si c'était une banalité, limite quelque chose d'amusant, afin de dédramatiser la situation.
"Je savais que j'aurais du choisir un animagus volant." ajouta-t-il même comme si c'était réellement quelque chose à envisager. La parenthèse faite, il reprit comme si de rien n'était.
"Dès que je fus en bas j'ai pris ma forme animagus et je me suis mis en marche pour une petite excursion jusqu'ici. Et me voilà!" conclut-il joyeusement en regardant James comme s'il venait de dénouer une énigme particulièrement corsée.

Le visage de James avait un sourire un peu crétin et figé, qu'il perdit au fur et à mesure du récit de son meilleur ami. Il était tour à tour inquiet, horrifié, scandalisé. Mais la "proposition alléchante" ainsi que "l'animagus volant"le fit tout de même glousser.

*Ce Sirius ! Il a l'art de parler avec désinvolture des sujets les plus graves.*

"Ma foi, tu es le plus doué des évadés. Tu ferais un malheur, à Azkaban !"

James posa sa tasse. Il avait du mal à conserver son calme. S'attaquer à ses amis, c'était s'attaquer à lui-même, et il avait une furieuse envie d'aller rendre une petite visite aux parents de Sirius, baguette au poing.

"Tes parents vont faire une drôle de tête quand ils s'apercevront de ton départ. Et Vole-pas-fort va avoir horreur de se déplacer pour rien. Mais bon, après tout, tes parents pourraient déguiser ton vieil elfe pour le faire passer pour toi: vous vous ressemblez tellement qu'on n'y verra que du feu !"

En réalité, le jeune Potter n'avait jamais vu Kreattur, mais il savait parfaitement à quoi ressemblait les elfes de maison, surtout que Sirius lui avait déjà décrit l'elfe sournois aux oreilles tombantes. Une seconde après sa réflexion, James se rendit compte de la portée de ses paroles.

*Ce n'est pas Kreattur qu'ils vont mettre à sa place...*

"Pour ton histoire de scotch, tu te rends bien compte que je ne comprends rien ! Par contre, je me souviens fort bien de la serdaigle. Très jolie. J'espère que tu ne suivras pas tous ces conseils moldus, comme d'acheter un "blouson" et de piloter une "haulto" ou une "moto", tu blesserais vraiment tes parents avec une conduite pareille."

Il repensa à l'animagus chien, qui allait merveilleusement bien à son ami, et ne put s'empêcher d'en blaguer :

"Ne te plains pas, imagine-moi si je devais passer par la fenêtre avec mes andouillers. Jamais ils n'auraient si bien porté leur nom !"

Et là-dessus, le rouge-et-or rit, de son rire franc et éclatant.

"Bon! En fait, tes parents ont eu une idée de génie : c'est comme si ils te disaient: "cher fils, passe un peu tes vacances chez Potter." mais à leur manière... Je les en remercie. Patmol, mon cher, nous allons passer le mois le plus fou et le plus drôle de toute notre jeune vie !"

Il approcha de Sirius, lui mit la main sur l'épaule et avec son autre main, fit un geste ample devant leurs yeux, la main grande ouverte.

"Un horizon de bêtises nouvelles s'ouvre devant nous. Ne le vois-tu pas ? Excursions dans le monde moldu, sorties en animagi, après-midi entières à jouer au quidditch, à se déplacer pour voir les matchs nationaux, maison à mettre sens-dessus dessous, héritage familial à dilapider, visites chez Remus ou Peter ! Nous allons vivre un rêve éveillé !"

En lui-même, James bouillait. Il savait que les parents Black n'en resteraient pas là, qu'ils rechercheraient leur fils, que l'adolescent à lunettes sera parmi les premiers soupconné de le cacher, et que ce mois-ci risque d'être bien plus mouvementé qu'il n'y paraît.

*Dès ce soir, j'écris à Dumbledore. C'est le chef des partisans des anti-mangemorts, il saura quoi faire. Et je suis sûr qu'il comprendra que ce n'est pas une blague.*

Et voilà, c'était dit! Comment raconter quelque chose d'effroyable, d'épouvantable, avec le sourire, sur un ton plaisantin agrémenté de petites boutades? Sirius était rodé à ce genre d'exercice, depuis son tout jeune âge. Il préférait prendre la vie du bon côté, mieux valait rire que pleurer, et quand on avait des parents comme ceux de Sirius, mieux valait savoir garder le sourire. Il n'avait pas eu la même enfance que James, il n'avait pas beaucoup eu d'occasion de rire, alors il se les créait lui-même. S'il ne le faisait pas, il serait devenu quelqu'un de morne qui ne sait pas ce que signifie rire, déjà à son entrée à Poudlard un enfant sans vie et sans émotions. Or, il n'était pas comme ça, il ne savait pas être froid et calculateur comme ses parents, et il ne voulait pas l'être! Alors, tout, même ce qui était affreux, il ne voulait pas se laisser aller, abandonner et pleurer sur son sort. Et puis...après tout ce qu'il avait connu avec ses parents, ce n'était qu'un pas de plus, qu'une preuve de plus de l' "importance" qu'il avait à leurs yeux, de sa "place" parmi eux. Il ne voulait pas non plus s'apitoyer devant James, l'inquiéter plus qu'il ne l'avait été en le voyant devant sa porte, et là en entendant son récit. Il ne voulait pas que James le voit ainsi, il souhaitait plutôt lui apparaître comme si tout cela ne le touchait pas tant que ça, qu'il était habitué, que ce n'était pas si grave...

Il était d'ailleurs satisfait en voyant James rire à quelques unes de ses blagues, même s'il se maîtrisait sûrement lui aussi pour paraître détendu. Sirius hocha alors vigoureusement de la tête lorsque son ami parla de la célèbre prison. Ca pour sûr! Rien de lui résistait, Azkaban ne serait qu'une formalité pour lui! Il avait bien réussi à s'échapper de la maison de ses parents, et sa mère était bien plus effrayant qu'un Détraqueur... En parlant de ses parents, pour sûr, la maison avait du trembler lorsqu'ils avaient découvert le lendemain matin que la chambre était vide. Enfin...encore remplie de toutes ses affaires, mais vide de Sirius! Il imaginait très bien bien sa mère pousser un cri un faire peur à un dragon en s'arrachant les cheveux. Rien que pour ça, il aurait aimé être une mouche sur son armoire pour voir ça. Et oui...ce malade mental avait du être bien fâché en voyant qu'il avait été déplacé pour rien...mais contrairement à ce que supposait James en riant, ce n'était pas ce vieil elfe moisi qui allait prendre sa place...mais bien son frère. Chassant cette pensée désagréable, Sirius donna une petite tape au derrière de la tête de James pour sa bêtise.

Le jeune homme n'avait rien compris au scotch...normal soit dit en passant, mais Sirius ne voyait pas comment expliquer ce que c'était. Il ne l'avait pas prit avec lui. Mais pour le reste...

"Tu rigoles? Ce sont les choses les plus intelligentes qu'elle ait dit! Je commence même sérieusement à songer à essayer une de ces motos." s'il restait avec James pour ce qui restait des vacances, il regarderait dans les endroits où ils vendaient ces engins. Quoique...il était un peu sans le sou maintenant!

Sirius ne put s'empêcher de rejoindre son ami dans son rire à sa référence aux bois de son animagus. Mais Sirius n'était pas passé par la fenêtre en chien! Comment aurait-il escalader le mur vers le sol sinon?

"Le problème avec mes parents, c'est qu'ils ne savent pas s'exprimer..." ajouta-t-il à la remarque de James. Oui, ils ne savaient pas comment lui parler gentiment, lui montrer leur amour, entre autres! Néanmoins, il avait raison. Ce mois allait être le plus beau de sa vie, il allait enfin connaître le sens du mot "vacances d'été". Il grimaça cependant en entendant le nom de Remus. Sirius savait qu'il avait du le blesser en envoyant Rogue ce jour-là...et se sentait coupable à présent. Il regrettait amèrement cette vanne lancée sur un coup de tête, parce que Servilus l'avait poussé à bout. Remus ne se le serait jamais pardonné...

Il y avait plusieurs urgences, maintenant que la présence de Sirius était expliquée.

- trouver un endroit où il puisse dormir
- trouver un endroit où le cacher (rendre la maison incartable ?)
- Prévenir les parents de James dès qu'ils rentrent puis Dumbledore sans trop tarder

Pour l'endroit où dormir, la maison des parents de James ne manquait pas de place, une chambre d'amis aurait pu être l'idéal. Le seul problème, c'est que sa présence chez les Potter doit être secrète, ce sera l'un des premiers endroits où les aurors chercheront. Donc, les deux garçons devront cohabiter, pour que leurs affaires soient mélangées et qu'il n'y ait pas de soupçon.

Son apparence de chien va rendre un grand service mais alors il faudra inventer une histoire, du genre: chien recueilli depuis deux ans parce que malade ou abandonné, et un scénario cohérent pour chaque membre de la famille.

Au cas où la lettre de James est interceptée (James ne douta pas que les Blacks ont déjà dû commencer les recherches et qu'ils avaient assez d'influence au ministère pour que cette affaire de disparition passe en priorité), il faudrait une lettre codée, à laquelle seule Dumbledore pourrait comprendre le code.

Toujours souriant, et sans chercher à affoler son ami (même si affoler Sirius est aussi difficile que d'être complimentée par Lily), James lui exposa son plan.

"Mon cher frère de coeur, nous avons beaucoup de place, des chambres d'amis, un vaste salon, et un grand jardin. Je ne vois donc aucune raison pour ne pas nous entasser tous les deux dans ma chambre ! On agrandira le lit par un joli amplificatum, j'ai déjà vu mon père jeter un tel sort. Je dors la fenêtre entr'ouverte mais pas trop, je ronfle et je parle en dormant, et je ne supporte ni la lumière ni le bruit des autres, mais ça, tu t'en es déja rendu compte vu que tu as l'honneur et le privilège de partager mon dortoir depuis cinq ans.

Bien sûr, si des invités ou des indésirables s'invitent dans notre demeure, je me refuse à voir ta tête hideuse dépassant de mes vêtements "jamessien". Tu te mettras en Patmol, et on racontera que mon père t'a généreusement recueilli il y a quelques mois de ça. Généreusement sera bien le mot vu l'apparence que tu te paies! Pas de chance, quand même, tu aurais pu avoir l'occasion d'être un peu moins moche, en animal et tu t'es changé en sac à puces ! En ce qui me concerne, j'en profiterai, bien sûr, pour te bourrer de coups de pied et te lancer un bâton en te parlant comme à un bébé, fais-moi confiance, je profiterai bien de la situation !

Puisque tout le monde sorcier va bientôt coller ton affiche partout dans la rue avec un "wanted" et une prime en dessous, je te propose d'écrire à notre vieux fou de directeur pour qu'il puisse te dénoncer et arrondir ses fins de mois en ces jours difficiles. Tu m'aideras à écrire la lettre ?"

Le tout était prononcé avec une ironie telle que le second degré brillait comme une pancarte à néons en pleine nuit.

Oh ça oui, l’emploi du temps qu’avait proposé James pour leur mois de vacances à venir semblait prometteur et on ne peut plus tentant. Seulement, Sirius n’oubliait pas ses chers parents qui semblaient ne pas comprendre que toute réhabilitation était hors de question pour Sirius. Ils l’avaient perdu ! (si tant est qu’il eût été à eux un jour) Malgré leurs nombreux efforts pour le rejoindre à leur cause, tenter de lui rendre la vie impossible afin qu’il veuille se faire pardonner et être à leurs ordres, le jeune homme n’avait fait que les détester de plus en plus. L’intimidation et les menaces ne jouaient certes pas en leur faveur et plutôt que de le conduire à la peur et à la soumission, ils ne lui inspiraient que dégoût et haine.

Cette fugue était un fait assez significatif pour prouver qu’il ne serait jamais de leur côté, qu’il ne ferait jamais ce qu’ils voudraient de lui. Mais ses parents n’acceptaient pas les échecs, et c’est bien ce qu’il était depuis sa naissance, un terrible échec. Voilà pourquoi ils avaient toujours essayé de rectifier cette erreur, et c’était la raison pour laquelle ils ne s’arrêteraient pas encore maintenant. Ils n’abandonneraient pas, et depuis son départ nul doute qu’ils le cherchaient avidement, et rêvaient à leur vengeance face à ce petit impudent qui leur résistait.

Certes, James était son unique but depuis le moment où il avait touché le sol à l’extérieur de la maison, mais à présent qu’il y était, bien que cela le remplisse de joie et de soulagement, la partie n’était pas gagnée pour autant. Sirius était mineur, monde injuste où l’âge où un sorcier est considéré comme adulte responsable est fixé à dix-sept ans. Du point de vue de la loi, les parents de Sirius avaient parfaitement le droit de le chercher afin de le récupérer. Il imaginerait presque Walburga jouer la tendre mère éplorée, prête à tout pour qu’on lui ramène son fils auquel elle tenait tant, et pour lequel elle était folle d’inquiétude. Mais du côté de Sirius, il ne désirait plus jamais la voir, elle et son père, jusqu’au restant de ses jours ! Il ne retournerait pas là-bas, plus jamais.

Le fugueur sortît cependant de ses pensées pour écouter James qui expliquait avec une logique implacable qu’ils partageraient la même chambre pendant son séjour ici. Au fur et à mesure des paroles de son meilleur ami, Sirius voyait que celui-ci avait compris lui aussi dans quelle situation ils se retrouvaient à présent. Le jeune Black s’en voulait d’ailleurs un peu de mettre son meilleur ami et ses parents dans cette position délicate, où ils devraient cacher un fugitif en fait, bien qu’ils n’aient rien demandé.

Embaumé de plaisanteries et d’ironie, pratiquement le seul moyen d’expression des deux Gryffondors, James lui indiqua ses idées à mettre en place pour les semaines à venir. Il serait en effet plus prudent que Sirius se fasse le plus discret possible, qu’on ne se rende pas compte que les Potter comportaient un habitant de plus que d’habitude. Il était également évident que Sirius n’allait pas s’exposer fièrement face à ceux qui viendraient toquer à la porte, son animagus allait, une fois de plus, bien lui servir. Oh il imaginait bien James s’amuser à lui parler…comme à un chien ! Débilement donc, à lui lancer la balle ou le bâton devant des invités. Si ça devait se faire, Sirius jouerait bien sur le bon toutou à sa mémère, et cela l’amuserait même.

« Fais attention, je mords. » répondit Sirius avec un sourire sadique, surtout s’il continuait de dire qu’il était moche ou le traitait de sac à puces.

L’idée de la lettre à leur directeur n’était également pas mauvaise. Dumbledore avait pas mal d’influence sur le ministère, et nul doute qu’il comprendrait la position dans laquelle se trouvait Sirius et lui viendrait en aide. Il connaissait bien assez la famille Black et ce que vivait Sirius depuis toutes ces années.

« Pourquoi manquerais-je une occasion d’aider notre cher directeur dans le besoin ? J’ai entendu dire qu’il devait se racheter des nouvelles paires de chaussettes et que sa réserve de bonbons au citron était vide, sans compter la nouvelle gamme de thé sortie récemment. »

Ces paroles avaient été dîtes avec un sérieux à toute épreuve, et il continua avec un sourire diabolique, comme si James avait fait entrer le diable chez lui.

« Il est évident que je ferais tout pour te mener la vie impossible pour les semaines à venir et deviendrai tellement envahissant que tu regretteras de m’avoir fait entrer dans ta demeure…j’exige un service impeccable et que tu réalises le moindre de mes désirs, à la hauteur de ma prestance, microbe. »

Le jeune homme à lunettes rit de bon coeur en entendant le désir de servilité que son ami exigeait de lui. Comment s'inquiéter et prendre les choses au sérieux avec un ami pareil ? La réplique sur Dumbledore l'ayant déja fait s'esclaffer, il enleva ses lunettes pour en enlever les quelques larmes de rire qui s' échappait de ses yeux noisettes.

"Ne t'inquiète pas, je ferais tout ce qui est à la hauteur de ta prestance : te brosser le poil, ramasser tes crottes sur le trottoir et te tendre un os en faisant ma grosse voix: Ou qu'il est, le nonos ? Ou qu'il est ?"
L'adolescent joignit le geste à la parole en tendant un os imaginaire et en faisant une mimique en mettant ses lèvres en avant, ce qui évoqua vaguement un babouin.

"Mais en attendant mes parents, je te propose de m'aider à écrire la lettre à ce vieux loufoque échappé de sainte Mangouste qui ose se prétendre directeur de Poudlard. Il ne survivra pas longtemps sans bonbons au citron ! De plus, ma lettre ne le choquera pas, nous correspondons fréquemment. Le ministre de la Magie prend conseil auprès du barbu, et le barbu, auprès de qui prend-il conseil, hein ? Mais chut! C'est un secret !"

Farfouillant dans les tiroirs, le gryffondor trouva un parchemin et une plume; il eut plus de difficulté à trouver l'encre et l'encrier, se retenant de prononcer le "accio" qu'il avait au bord des lèvres.
*Maudite Trace !*.

Ayant trouvé son bonheur il se ré-installa à proximité de son ami.

"Monsieur le directeur,
Permettez-moi de m'excuser de vous déranger pendant la sieste, mais j'aurai une requête à vous formuler, qui je l'espère, ne vous semblera pas discourtois.
Comme vous le savez sans doute, notre famille a recueilli un laid mais gentil jeune chien noir. Il est un peu foufou mais les marques sur son poil montrent qu'il n'était pas bien traité dans son ancien foyer.
Bien entendu, nous l'avons recueilli, soigné, et il semble ravi d'être parmi nous. Ses anciens propiétaires le cherchent sans doute, mais nous nous garderons bien de leur rendre si par aventure ils en réclameraient de nouveau la garde. Peut-être est-ce un vol, peut-être est-ce justice, je vous laisse en juger. En ce qui me concerne, je lui suis trop attaché pour ne rien faire.
Toujours est-il que la rentrée ne tardera guère, et je me permets de vous poser une question assez insolite pour vous la demander dès cette période de l'année : monsieur le directeur, pourrais-je emmener mon chien avec moi, à Poudlard, sans être inquiété ? Je sais que les seuls animaux autorisés sont les chats, les rats et les crapauds (au fait, pourquoi les crapauds ??) ,mais mon chien est avide de m'accompagner, il me suit partout et je n'aurai pas le coeur de partir à Poudlard sans un animal aussi intelligent.
Je vous le demande à trois genoux, monsieur le directeur, daignez accepter que mon chien noir, le plus fidèle ami de l'homme, donc le mien, m'accompagne au collège pour ma sixième année. Intelligent comme il est, je suis sûr qu'il suivra les cours avec attention.

Dans l'attente de votre réponse, nous sommes, mon chien et moi, vos plus humbles serviteurs."

Le sourire aux lèvres, l'adolescent se relit. Oui, Dumbledore devrait très bien comprendre les différents problèmes: que Sirius est chez les Potter, que l'adolescent n'est pas disposé du tout à retourner dans sa violente famille et que le retour de l'héritier Black à Poudlard pose un grave problème. Qu'est-ce qui empêchera le ministère de cueillir l'adolescent à la sortie du Poudlard Express ? Et que si cela devait arriver, ses trois amis maradeurs (et d'autres ?) ne laisseraient pas faire les autorités, et qu'il risque donc d'y avoir un joli affrontement. Aller à Azkaban pour rebellion et agression n'enchantait pas James, mais il préférait dix ans de prison plutôt que laisser emmener son ami. Seul le directeur, en tant que président du Magenmagot, pourrait intervenir avant qu'un tel évènement n'arrive. Il se tourna vers Sirius, toujours l'air insouciant malgré la gravté de la situation.

"Ca te va ? Tu veux rajouter quelque chose ?"

Après un bon mois de solitude, d'obscurité et de froideur, être simplement là avec James à plaisanter apparaissait comme un tout autre monde, un paradis terrestre loin de l'enfer qu'il avait vécu chez ceux qu'on osait appeler ses parents. Le temps là-bas s'était écoulé avec la lenteur d'un immense sablier, dont il aurait compté chaque grain. Sans aucun doute, la totale opposition de l'ambiance avec les Potter comparé à chez lui, allait être de paire avec la course folle que le temps allait prendre. Malgré tout, il espérait retenir de ces vacances uniquement la seconde partie, qui même si elle sera la plus courte, sera irrémédiablement la plus intéressante et la plus proche du mot "vacances". Mais au bout de ces semaines à venir, il y aura Poudlard. Si tant est que les parents de Sirius n'aient pas réussis à le retrouver, qui pouvait dire qu'ils ne l'attendraient pas sur le quai de la gare? Eux ou leurs "amis"...car malgré toute l'injustice de cette affaire, le fait était que Sirius avait fugué, alors qu'il était mineur. De son point de vue, il avait plutôt fuit ses geôliers pour chercher la liberté, tel un esclave qui se serait lui-même affranchi.

James proposait donc d'écrire à leur cher directeur afin de l'informer de la situation, et par la même occasion, rechercher son aide. Sirius pouffa en entendant son ami sous-entendre que Dumbledore lui demandait souvent conseil.

"C'est à se demander comment il a eu son grade d'Ordre de Merlin première classe, et d'Enchanteur-en-chef. Ils avaient du en descendre des bouteilles de whisky pur feu ce jour-là! Et je ne parle même pas du Manenmagot et de la Confédération internationale des mages et sorciers, ils doivent tous être aussi fous...ah dans quel monde vit-on je te le demande Jamesie...heureusement que tu es là pour justifier un peu ses titres."

Il regarda ensuite James sortir plume et parchemin, et gratter avec frénésie tandis que son ami s'installait confortablement dans une pose insouciante. Ce qui ne l'empêchait pas de lire au fur et à mesure les lignes qui se superposaient sur le parchemin de James, souriant tout du long devant l'ingéniosité de la tournure des phrases de son ami, et son habituel ton plaisantin. Dumbledore comprendrait sûrement, il était loin d'être bête et il saurait à qui ce "chien noir" correspondrait. En effet, l'emblème des Black n'était-il pas deux chiens se faisant face? (en mettant de côté les étoiles et l'épée qui se trouvaient également sur le blason). Et le nom de Black ne signifiait-il pas noir? Alors, sachant très bien que les paroles de James ne devaient jamais se prendre au premier degré, il n'aurait aucune difficulté à lire entre les lignes, et comprendre à la fois l'identité de ce chien noir, mais également le pétrin dans lequel il était.

"C'est pas mal." répondit-il avec un sourire complice en réponse à la question du jeune homme. Il s'exclama tout de même "A part pour laid! Pourquoi te sens-tu obligé de dire que je ne suis pas beau? Tout ça pour te persuader toi-même que tu es plus séduisant que moi...tss encore ton complexe d'infériorité face à moi qui ressort...ahhlala, mais je ne t'en veux pas va. Si tu voyais la vérité en face ton égo en prendrait un coup."

James sourit en entandant la réponse de son ami. Il avait manifestement été très attentif, l'avait lu et donné son aval... à sa façon. Rajustant ses lunettes, l'adolescent plia la lettre et la mit dans une enveloppe en répondant à Sirius :

"Eh oui, que veux-tu, je ne peux que ressentir un complexe d'infériorité face à un beau chien tel que toi. Par contre, pour le côté humain, je persiste et signe. Un jour, j'ai mis une photo de toi dans le jardin et les cognards se sont enfuis de peur, les fleurs ont fané et même les gnomes ont décidé de nous ramener tous nos légumes pour qu'on enlève une telle horreur. Je n'ai pas eu le coeur de refuser mais il y a toujours un cercle d'herbe jaunie à l'emplacement de ton portrait. Ne te demande plus pour les crop circle, c'est moi qui ai égaré tes photos dans les champs de blé."
Il siffla et Vivet, la chouette familiale au plumage couleur cendre vola immédiatement vers son jeune maître.

"Il faudra vraiment que je demande ma chouette personnelle, mais mes parents ont peur que Vivet soit jaloux. C'est une chouette mâle. J'ai dû te le demander cent fois mais tu ne trouves pas qu'il fait très vif d'or ?"
Vu le nombre de messages, de cadeaux et de bonbons que les parents de James lui envoient à Poudlard, les maraudeurs avaient tous vus cette jolie chouette ronde et un peu dorée un nombre incalculable de fois ces cinq dernières années. Mais rien à faire, James était définitivement gaga de la chouette de ses parents. La raison secrète pour laquelle il n'avait pas de chouette était qu'il espérait toujours que ses parents lui cèdent Vivet. Espoir déçu depuis cinq ans, mais le gryffondor était du genre tenace.

"Envoie cela au vieux farfelu qui ose se prétendre directeur de Poudlard, mon beau Vivet. Et n'en profite pas pour draguer les chouettes femelles de la volière, je te connais!"
Habitué aux phrases calomnieuses de l'adolescent, Vivet prit le message sans rechigner, émit tout de même un cri de protestation pour la forme et s'envola, donnant la vague impression d'un vif d'or géant à bec, perçant le ciel couvert.

James consulta l'horloge du salon. Ses parents ne tarderaient plus. La cheminée allait bientôt les laisser apparaître. Il examina Sirius du regard et se leva.

"Allez, viens, on va monter dans ma chambre pour te faire un peu de place, et quand mes parents arriveront, on leur fera une blague: tu prétendras être moi qui a bu du polynectar et on verra combien de temps ils y croiront."
Cet été, voire l'année en cours, promettait d'être totalement imprévisible, fou et sûrement dangereux. C'ets sans doute ce qui rendit le rouge-et-or de plus excellente humeur encore : il était même prêt à ranger sa chambre, ce qui n'était pas arrivé depuis plus d'un an au moins.